UN POÈME FROISSÉ Métropoles embrumées qui saignent ses trésors J’aimerais une stance éclaireuse d’espoir Mais la griffe lunaire qui balaie les remords N’est qu’une estampe vide opacifiant le soir. Cette toile gothique obscurcit les montagnes Quand j’effrange l’éclipse offerte aux cauchemars Ma ville suspendue aux étoiles en pagnes S’accroche à cette nuit bordée de nénuphars. La banlieue sinistrée sous l’écume des gares Brûle sous le dessin des enfants qui se cognent On entend parader l’éclair des gyrophares Et le tag délaissé n’enrage que les cognes. On étreint Baudelaire d’un nouveau paradis Dans ce jardin camé de résines en vogue L’avenir qui larmoie en pays interdits Effiloche sa foi quand surgissent les dogues Je vous livre un navire aux voiles abîmées Un amas de chagrins perclus anéanti Où l’air soudain chargé de pourpres enfiévrés S’enivre au désespoir des lacryma-christi. Je navigue en ces eaux vêtu d’un concerto Simple page chiffon d’un poème froissé Et sa musique lente affleure un lamento Qui n’écrit le présent qu’à l’ombre du passé.

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